42

Trevor ramassa un trombone sur son bureau et le lança vers l’encrier. Il tomba dans l’encre.

— Je fais des progrès, dit Trevor. J’ai atteint le but sept fois sur dix. Avant, je le ratais sept fois sur dix.

Il regarda Sutton, le dévisagea.

— Vous avez l’air d’un homme normal. Je devrais pouvoir vous parler et vous faire comprendre.

— Je n’ai pas de cornes, dit Sutton, si c’est cela que vous voulez dire.

— Ni d’auréole, ce qui d’ailleurs ne m’impressionnerait pas.

Il lança un autre trombone et il rata l’encrier.

— Sept fois sur dix, fit Trevor.

Il en lança un autre et réussit. L’encre rejaillit et éclaboussa le bureau.

— Sutton, reprit-il, vous savez beaucoup de choses sur la destinée. Y avez-vous jamais pensé en tant que destinée manifeste ?

Sutton haussa les épaules :

— Vous utilisez des termes désuets. Pure et simple propagande du dix-neuvième siècle. Une certaine nation l’a usée jusqu’à la corde.

— Propagande, dit Trevor, disons plutôt psychologie. On répète quelque chose si souvent et si bien qu’après un certain temps tout le monde y croit. Même vous, finalement.

— Destinée manifeste. Pour l’espèce humaine, je présume ?

— Naturellement. Après tout, nous sommes les créatures qui sauraient comment l’utiliser à leur meilleur avantage.

— Vous négligez un détail. Les hommes n’en ont pas besoin. Ils pensent déjà qu’ils sont grands et justes, des saints. Vous n’avez certainement aucun besoin de leur faire de la propagande.

— Si l’on ne regarde pas plus loin, vous avez raison, dit Trevor. Mais seulement si l’on ne regarde pas plus loin. (Il pointa soudain un doigt sur Sutton :) Une fois que nous aurons toute la galaxie en main, qu’en ferons-nous ?

— Voyons, mais je suppose…

— C’est exactement cela. Vous ne savez pas où vous allez. Ni l’espèce humaine non plus.

— Et la destinée manifeste ? demanda Sutton. S’il y avait une destinée manifeste, serait-ce différent ?

Les paroles de Trevor ne furent guère plus qu’un chuchotement :

— Il y a d’autres galaxies, Sutton. Plus grandes même que celle-ci. Beaucoup d’autres galaxies.

Grand Dieu ! se dit Sutton.

Il ouvrit la bouche pour parler mais se contint et se raidit dans son fauteuil.

Le chuchotement de Trevor, venu de l’autre côté du bureau, le transperça.

— Cela vous confond, n’est-ce pas ?

Sutton essaya de parler à voix haute, mais il ne put émettre à son tour qu’un chuchotement.

— Vous êtes fou, Trevor. Absolument fou.

— Il faut regarder très loin, dit Trevor. Voilà ce qui est essentiel. La croyance absolue, inébranlable, dans la destinée humaine, la conviction positive, pleine et entière, que l’Homme est destiné non seulement à conquérir cette galaxie mais toutes les galaxies, l’univers entier.

— Vous devriez vivre assez longtemps pour voir cela, dit Sutton, une ironie soudaine dans la voix.

— Je ne le verrai pas, bien sûr. Ni vous non plus. Ni les enfants de nos enfants ou leurs enfants pendant de nombreuses générations.

— Cela prendra un million d’années.

— Plus d’un million d’années, répliqua calmement Trevor. Vous n’avez aucune idée, l’immensité de l’univers, vous ne pouvez la concevoir. Dans un million d’années, nous n’en serons qu’à un bon début.

— Alors pourquoi, pour l’amour du ciel, vous et moi sommes-nous ici à ergoter là-dessus ?

— C’est logique.

— Il n’y a aucune logique à faire des plans un million d’années à l’avance. Un homme peut faire des plans pour le temps qu’il a à vivre, s’il en a envie, et cela a quelque logique. Ou pour la vie de ses enfants, et cela aurait encore quelque logique… et peut-être même pour la vie de ses petits-enfants. Mais au-delà, il ne peut plus exister de logique.

— Sutton, dit Trevor, avez-vous jamais entendu parler d’une corporation ?

— Oui, bien sûr, mais…

— Une corporation pourrait faire des plans à long terme – pour un million d’années. D’une manière très logique.

— Une corporation n’est pas un homme. Ce n’est même pas une entité.

— Mais si. C’est une entité composée d’hommes et créée par des hommes pour réaliser leurs désirs. C’est un concept vivant, agissant, qui est transmis d’une génération à l’autre afin d’exécuter un plan trop vaste pour être réalisé dans la vie d’un seul homme.

— Votre corporation publie également des livres, n’est-ce pas ?

Trevor ouvrit de grands yeux.

— Qui vous a dit cela ?

— Deux hommes du nom de Case et Pringle. Ils ont essayé d’acheter mon livre pour votre corporation.

— Case et Pringle sont en mission. J’attends leur retour…

— Ils ne reviendront pas.

— Vous les avez tués, dit abruptement Trevor.

— Ils ont d’abord essayé de me tuer. Mais je suis terriblement difficile à tuer.

— C’eût été contraire à mes ordres, Sutton. Je ne désire pas que vous soyez tué.

— Ils agissaient pour leur compte. Ils comptaient vendre ma carcasse à Morgan.

Il n’y a aucun moyen de voir quel effet on produit sur cet homme, se dit Sutton. Aucune différence d’expression dans ses yeux, pas le moindre soupçon d’un changement sur son visage.

— Je vous sais gré de les avoir tués, dit Trevor. Cela m’épargnera cet ennui. (Il lança un trombone vers l’encrier et il atteignit son but :) Il est logique, reprit-il, qu’une corporation fasse des plans un million d’années à l’avance. Cela fournit un cadre dans lequel un certain projet peut être poursuivi sans interruption bien que le personnel doive être changé de temps en temps.

— Un instant ! dit Sutton. Existe-t-il une corporation ou ne faites-vous que me raconter des histoires ?

— Il existe une corporation, et je suis l’homme qui est à sa tête. Ce sont des intérêts divers qui ont mis leurs ressources en commun… et ils seront de plus en plus nombreux à mesure que le temps passera. Dès que nous pourrons montrer quelque chose de tangible.

— En disant tangible, vous voulez parler de destinée pour l’espèce humaine, pour l’espèce humaine seulement ?

Trevor hocha la tête :

— Nous aurons alors quelque chose dont nous pourrons parler. Quelque chose à vendre. Quelque chose pour étayer nos arguments.

— Je ne vois pas ce que vous pouvez espérer y gagner, dit Sutton dubitatif.

— Trois choses. La richesse, la puissance et le savoir. La richesse, la puissance et le savoir de tout l’univers. Pour l’homme seulement, vous comprenez. Pour une unique espèce. Pour des gens comme vous et moi. Et des trois, le savoir est peut-être l’essentiel, car le savoir additionné et combiné, rassemblé et coordonné, mènera à une richesse et une puissance encore plus grandes… et à un savoir toujours plus grand.

— C’est de la folie. Vous et moi, Trevor, ne serons plus que poussière au vent et pas seulement nous ; toute cette époque dans laquelle nous vivons aujourd’hui sera oubliée avant que la tâche soit achevée.

— Souvenez-vous de la corporation.

— Je n’oublie pas la corporation, mais je ne peux pas m’empêcher de penser en termes d’êtres humains. Vous, moi et tous nos semblables.

— Parlons en termes d’êtres humains, dit Trevor doucereux. Un jour, la vie qui vous anime animera le cerveau, le sang et les muscles d’un homme qui sera copropriétaire de l’univers. Il disposera de trillions et de trillions de créatures vivantes pour le servir, de richesses qu’il ne pourra compter, d’un savoir dont vous et moi ne pouvons même pas rêver.

Sutton était effondré dans son fauteuil.

— Vous êtes le seul homme, reprit Trevor, qui y fassiez obstacle. Vous êtes celui qui bloquez ce plan pour un million d’années.

— C’est de la destinée que vous avez besoin, et il ne m’appartient pas de la donner.

— Vous êtes un être humain, Sutton, dit Trevor d’un ton uni. Vous êtes un homme. C’est des gens de votre propre race que je vous parle.

— La destinée appartient à tout ce qui vit. Pas seulement à l’Homme mais à tous les êtres vivants.

— Ce n’est pas obligatoire. Vous êtes le seul homme qui le sache. Vous êtes le seul homme qui puisse dire la vérité. Vous pouvez en faire une destinée manifeste pour l’espèce humaine au lieu d’une destinée individuelle pour chaque créature rampante, caquetante, larmoyante, mais douée de vie.

Sutton ne répondit pas.

— Un mot de vous, dit Trevor, et c’est chose faite.

— Non, cela ne peut pas être, dit Sutton, votre plan est irréalisable. Réfléchissez simplement au temps. Aux milliers d’années, même à la vitesse des astronefs d’aujourd’hui, qu’il faut pour franchir l’espace intergalactique. Seulement de cette galaxie à la plus proche… pas de cette galaxie à l’ultime galaxie.

Trevor soupira :

— Vous oubliez ce que j’ai dit au sujet de l’accumulation et des combinaisons du savoir. Deux et deux ne feront pas quatre, mon ami. Cela fera beaucoup plus de quatre. En certains cas, des milliers de fois plus que quatre.

Sutton secoua la tête avec lassitude.

Mais Trevor avait raison. Le savoir et la technique croîtraient en pyramide, exactement comme il le disait. Même, une fois que l’Homme en aurait le temps, le savoir d’une seule galaxie…

— Un mot de vous, répéta Trevor, et la guerre dans le temps sera terminée. Un mot de vous, et la sécurité de l’espèce humaine sera garantie pour toujours. Car tout ce dont l’espèce humaine a besoin, c’est de la connaissance que vous pouvez lui donner.

— Mais ce ne serait pas la vérité.

— Cela n’a rien à voir.

— Vous n’avez pas besoin d’une destinée manifeste pour exécuter votre projet.

— Il faut que l’espèce humaine soit derrière nous, dit Trevor. Il faut que nous ayons quelque chose d’assez grandiose pour réduire son imagination. Quelque chose d’assez important pour retenir son attention. Et une destinée manifeste, une destinée manifeste qui s’applique à tout l’univers, est exactement ce qui ferait l’affaire.

— Il y a vingt ans, dit Sutton, je me serais rangé de votre côté.

— Et maintenant ?

— Maintenant, non. J’en sais plus long que je n’en savais il y a vingt ans. Il y a vingt ans, j’étais un humain, Trevor. Je ne suis plus tellement certain d’être encore entièrement humain.

— Je n’ai pas parlé de la question de récompense, dit Trevor, mais cela va sans dire.

— Non, merci, dit Sutton. J’aimerais continuer à vivre.

Trevor lança un trombone vers l’encrier et le manqua.

— Vous baissez, dit Sutton. Votre pourcentage de coups au but s’effondre.

Trevor ramassa un autre trombone.

— Très bien, dit-il. Allez-y, amusez-vous. Il y a une guerre en cours et nous gagnerons cette guerre. C’est une manière diabolique de se battre, mais nous faisons de notre mieux. Aucune guerre déclarée, aucun signe apparent de guerre, car vous savez bien que la galaxie vit entièrement et absolument en paix sous l’empire bienveillant des Terriens. Nous pouvons vaincre sans vous, Sutton, mais ce serait plus facile avec vous.

— Vous allez me remettre en liberté ? demanda Sutton d’un ton de surprise moqueuse.

— Voyons, bien sûr. Vous pouvez partir et continuer de vous cogner la tête contre les murs quelque temps encore. Finalement, vous en aurez assez. Vous abandonnerez par pure fatigue. Alors vous reviendrez et vous nous donnerez ce que nous voulons.

Sutton se leva.

Il resta un instant indécis.

— Qu’attendez-vous ? demanda Trevor.

— Il y a une chose qui m’intrigue. Le livre, d’une façon ou d’une autre, en un lieu ou un autre, a déjà été écrit. Il a existé en fait depuis près de cinq cents ans. Comment arriverez-vous à changer cela ? Si je l’écris maintenant de la manière dont je veux l’écrire, il changera tout l’édifice humain…

— Nous avons pensé à cela, répondit Trevor en riant. Supposons que, finalement, après tant d’années, l’original de votre manuscrit soit découvert. Il peut être aisément et indiscutablement identifié par certaines caractéristiques que vous y aurez très soigneusement incorporées en l’écrivant. Il sera découvert et sa découverte sera proclamée et, mieux, prouvée… et l’espèce humaine aura sa destinée.

« Nous expliquerons la déplorable situation passée par des preuves historiques très convaincantes de falsifications antérieures du manuscrit. Même vos amis, les androïdes, devront croire ce que nous dirons une fois que nous aurons mené l’affaire à bien.

— Très habile, dit Sutton.

— Je le crois aussi, dit Trevor.

Dans le torrent des siècles
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